Chez les enseignant·es, le travail n’est pas vraiment la santé

Les enseignant·es apprécient beaucoup moins leur travail que les Français·es en emploi, selon la dernière étude de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) de l’Éducation nationale sur le bien-être au travail des personnels. L’attitude très contestée de leur ministre nouvellement « entrant dans le métier » devrait certainement accentuer encore cette statistique.

La vieille chanson humoristique selon laquelle « le travail, c’est la santé » connaît ici une variante antinomique si l’on en croit l’étude de la Depp. Celle-ci a interrogé 71.000 personnels du MENJ au printemps 2023, et ces derniers ont attribué la note de 5,9 sur 10 à la question de leur satisfaction au travail, alors que pour l’ensemble des Français·es en emploi, cette note est de 7,1 sur 10.

Plus précisément, chez les seul.·es enseignant·es, le moral est encore bien plus bas avec une note de 5,8 dans le second degré, et de 5,7 pour les remplaçant·es. Le premier degré n’est pas épargné avec des notes respectives à ces deux catégories de 6,1 et de 5,6 quand les médecins scolaires, les psy-EN et les personnels administratifs de catégorie A ont également noté cette satisfaction en-dessous de 6.

D’autres questions en lien avec cet item (sentiment d’utilité, de fierté, de sens) affichent des résultats variant de 5,8 à 7,4 sur 10. Et une note de 2,5 sur 10 a été attribuée à la question : dans quelle mesure avez-vous le sentiment que votre métier est valorisé dans la société ? On voit bien ici le lien avec le manque d’attractivité des métiers de l’Éducation nationale, quasiment tous en souffrance de candidat·es motivé·es au regard de perspectives professionnelles peu encourageantes. On le constate à travers d’autres résultats de l’étude affichant l’urgence d’améliorer cette situation : ils sont par exemple 20 % des personnels à estimer que la santé au travail est un domaine à améliorer prioritairement pour l’exercice du métier, contre 25 % aux perspectives de carrière, 35 % à l’aménagement de fin de carrière, 49 % à la charge de travail et 58 % au pouvoir d’achat.

Aussi, la confiance des personnels en son ministre est un enjeu plus qu’important à l’heure où leur moral est au plus bas. L’étude de la Depp semble apporter un argument supplémentaire à la nécessité d’un changement de cap qui, certes, ne résoudra pas tout, mais évitera une défiance justifiée par des réformes à rebours du bon sens pédagogique pour une majorité de personnels en charge de faire de nos élèves des citoyens éduqués, formés, éclairés et engagés dans leur société.

Laisser un commentaire