Transformation de la voie pro : on en est où ?

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À l’heure où se prépare le prochain Comité de suivi du 1er février, il est temps de faire le point sur plus de deux ans de travaux et d’avancées à tout petits pas…
 
 
Un dialogue constructif mais dont les effets se font attendre...
 
Depuis la mise en place d’un comité de suivi lors du lancement de la réforme de la voie professionnelle en septembre 2019, les discussions ont toujours été riches et intéressantes.
Tous les acteurs de la communauté éducative ont systématiquement eu voix au chapitre. Organisations syndicales, personnels de direction, représentants des élèves ou des parents proposent des points de vue singuliers mais souvent complémentaires. La confrontation de ces sensibilités des différents acteurs de terrain donne lieu à des débats souvent passionnants.
 
Des exemples de réussites ou d’applications exemplaires de dispositifs (projets, fonctionnement en famille de métiers...) de la réforme permettent de nourrir les échanges et d’ouvrir le champ des possibles. Néanmoins, il ne s’agit que bien souvent de vitrines qui ne sauraient représenter le quotidien de la plupart des lycées pro de France. 
 
De plus, l’urgence de la situation sanitaire a rendu les conditions de travail de nos collègues très compliquées et la charge de travail est devenue quasiment intenable.
 
De toute évidence, la mise en place de la plateforme Brio ou la possible initiation à la philo en terminale vont dans le bon sens mais ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il faut faire beaucoup plus et plus rapidement.
 
Pour le SE-Unsa, la voie pro ne peut se payer de mots. Des avancées plus significatives sont attendues et des objectifs doivent être fixés afin de mesurer le chemin parcouru et l’impact effectif sur le terrain.
 
 
Un manque évident de moyens
 
Nous le répétons depuis la publication des premiers textes : la réforme ne pourra porter ses fruits qu’à condition d’obtenir l’assentiment et l’engagement de tous les personnels chargés de la mettre en œuvre. Force est de constater que c’est loin d’être le cas.
Malgré l’intérêt de nos collègues pour certains dispositifs tels que la co-intervention qui permettent d’envisager l’enseignement autrement, la déception prend souvent le pas sur les velléités d’expérimenter d’autres organisations pédagogiques.
 
Comment mener efficacement et sereinement un projet comme le chef-d’œuvre en bac pro alors que les horaires professeurs sont insuffisants ?
La grille horaire doit impérativement être revue pour attribuer des heures supplémentaires pour le chef-d’œuvre et l’enseignement de certaines disciplines (notamment en enseignement général).
 
Pour le SE-Unsa, des moyens doivent être abondés pour permettre un enseignement dans un cadre apaisé et sécurisant.
 
 
Des demandes toujours non satisfaites
 
Avant même la reconnaissance financière, nos collègues veulent du temps :
  • le temps de pouvoir travailler en équipe pour construire des séquences innovantes ;
  • le temps d’évaluer et d’améliorer les actions menées dans le cadre de leurs projets ;
  • le temps de rencontrer les familles pour les accompagner dans des procédures d’orientation toujours plus complexes et chronophages.
De même, au-delà des indispensables moyens, c’est une simplification que nous attendons. La superposition de dispositifs interdisciplinaires complexes déployés dans des structures tentaculaires comme les Campus des Métiers et Qualifications fait perdre à nos collègues les objectifs et le sens de ce qu’ils font au quotidien. Ce manque de lisibilité nuit également à nos élèves qui ont cruellement besoin de repères et de cadres bien identifiables.
C’est ainsi qu’un seul dispositif interdisciplinaire devrait être conservé en voie professionnelle. Il pourrait répondre au double objectif suivant :
  • privilégier un enseignement en co-intervention,
  • s’appuyer sur une pédagogie de projet pour rendre les élèves acteurs de leur formation.
Enfin, au regard de la situation sanitaire, les modules de terminale n’ont pu être mis en place de manière satisfaisante au grand dam des enseignants et de leurs élèves. La crise sanitaire n’a pas facilité les choses en rendant parfois impossible le travail partenarial et les échanges avec les professionnels.
 
Pour le SE-Unsa, la réforme mise en place est trop lourde, qui plus est dans un contexte dégradé. Le déploiement de la TVP sur tous les niveaux depuis cette rentrée a mis en lumière la complexité des dispositifs.
Un allègement qui rendrait davantage de temps au disciplinaire et qui simplifierait l’interdisciplinarité serait le bienvenu à la fois pour les conditions de travail des PLP et pour la réussite de leurs élèves.