
Merci de nous donner l'occasion de témoigner de nos difficultés.
Je suis directrice d'une école REP 14 classes déchargée à 100% et j'avoue commencer à perdre ma motivation alors que j'ai fait le choix de cette école qui était en grande difficulté et qui va mieux.
Pour ma part le plus difficile à accepter est de me faire destituer de la partie pédagogique qui me tenait le plus à cœur. En effet, l'effectif croissant, la multiplicité des dispositifs à orchestrer (elco, sport après la classe, groupe de musique, upe2a, pdmpdc, cp 100% réussite, NAP) et surtout l'absence de secrétaire ne me permettent quasiment plus de prendre des groupes et donc de connaître mes élèves.
J'ai l'impression d'être principale d'un mini collège (en plus de gardienne, infirmière, CPE, assistante sociale, secrétaire, comptable, intendante, RH...) sauf que je ne décide de rien et que je suis ballottée entre la mairie et les politiques éducatives qui se succèdent.
Cela ne me permet pas de répondre vraiment aux besoins de mes élèves. Je suis partout et donc forcément nulle part.

EL, directrice école élémentaire, 14 classes

Je n'ai que 10 jours de décharge durant l'année scolaire.
Mon secrétaire a dû quitter ses fonctions en fin-novembre dernier.
Depuis septembre, on nous demande de renforcer les mesures de sécurité dans les écoles. Il faut qu'il y ait forcément quelqu'un à la grille. Dans mon école, la grille est éloignée du bâtiment principal et nous ne sommes que deux enseignantes. Cela ne nous laisse pas le choix : une enseignante doit se poster à la grille tandis que l'autre accueille les 47 élèves dans la salle de motricité accompagnée de l'ATSEM.
Depuis, des parents se plaignent tous les jours : ils sont inquiets à l'idée de laisser leurs enfants dans de telles conditions. Ils ont écrit à l'inspecteur et n'ont reçu aucune réponse. J'ai moi-même écrit à mon inspecteur, inquiète également pour la sécurité et le bien-être de mes élèves. Ce dernier ne m'a pas non plus apporté de réponse. Cela dure depuis trois mois.

EB, directrice maternelle, 2 classes

Je suis depuis 8 ans directrice d'école maternelle mais j'ai la chance d'avoir une expérience de 15 ans en gestion d'entreprise ce qui me facilite grandement la tâche. Il est vrai que nous sommes les interlocuteurs de tous (inspection, parents, mairie, services sociaux, collègues...) et que notre temps n'est pas extensible surtout lorsque nous ne sommes pas déchargés de notre classe.
Il est grand temps de penser à une véritable formation au poste de directeur. Tout le monde n'a pas la facilité d'absorber des tâches purement administratives en faisant correctement le tri entre ce qui est important et ce qui peut attendre. La mission de directeur ne s'improvise pas. Idéalement une formation de gestionnaire est un plus. Mais il faut aussi avoir parfois des qualités de DRH. Et ces prérequis ne sont pas donnés actuellement, ni même cités dans la formation de directeur. Il n'est pas suffisant de connaître les textes comme disent nos inspecteurs, il faut aussi être à l'écoute, savoir s'organiser, prendre du recul.
Il serait bon de donner des clés pour celles et ceux qui veulent s'investir dans cette mission. Et de les accompagner, par des tuteurs directeurs qui sont déjà en place et qui connaissent les écueils à éviter. Un bon conseil et une expérience valent toujours mieux que de longs discours théoriques et stériles.
Ceci étant, il serait par ailleurs sans doute opportun de penser à ceux qui occupent ce poste depuis quelques années et qui aimeraient se rencontrer et remettre à jour leurs connaissances ou pratiques. Le syndicat organise un stage "Et moi directeur" parce que l'institution ne sait pas planifier des sessions de formation continue sur le métier de directeur. C'est une excellente idée.

PV, directrice école maternelle, 6 classes