30 minutes d’APQ à l’école : des résultats « prometteurs » mais loin de refléter la réalité

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La communication présidentielle autour de Paris 2024 a atteint un nouveau sommet à l’occasion de la Semaine olympique et paralympique qui s’est tenue début avril. Le président de la République y a livré les résultats positifs d’une enquête sur la mise en place des 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) à l’école élémentaire. 
 
 
Ces résultats incomplets et imprécis s’affranchissent des réponses à de nombreuses questions qui interrogent le dispositif sur sa mise en œuvre et sa pertinence.
 
30 minutes d’APQ : l’École au rythme de Paris 2024
 
Généralisé depuis la rentrée 2022 dans les 36 250 écoles du territoire, le dispositif des 30 minutes d’APQ a pour point de départ le constat de la sédentarité chez les jeunes et pour objectif de les inciter à la pratique d’une activité physique régulière voire sportive.
À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques accueillis en France, la communication ministérielle et présidentielle associe étroitement ce dispositif (et son équivalent du second degré, les 2h supplémentaires d’activité physique au collège) à Paris 2024 et à la construction de la nation sportive chère à Emmanuel Macron. À l’occasion de la 8e édition de la semaine olympique et paralympique, qui a eu lieu du 2 au 6 avril 2024, ce dernier a partagé les résultats d’une enquête de janvier 2024 sur la mise en œuvre du dispositif des 30 minutes d’APQ, prometteurs selon le président. Et pour cause : selon les chiffres révélés, 91,5 % des écoles interrogées pratiquent les 30 minutes d’APQ même partiellement, et 94 % des enseignants répondants estiment que le dispositif améliore le bien-être des élèves.
 
 
Enquête de janvier 2024 : des résultats qui ne disent pas tout
 
Si ces chiffres semblent en effet très encourageants, il convient de les relativiser et de les interroger. Avec un taux de réponse à 60 %, le ministère est loin d’avoir touché l’ensemble de la profession. Par ailleurs, sur les plus de 90 % des écoles affirmant s’inscrire dans le dispositif, aucun chiffre ne vient dénombrer celles d’entre elles qui pratiquent partiellement les 30 minutes d’APQ. Quelle réalité dissimule cet adverbe ? Pas celle des professeurs des écoles en tout cas. Rappelons que ce dispositif est proposé en complément de l’EPS, enseignement obligatoire à hauteur de trois heures hebdomadaires en primaire. Dans quelle mesure les 30 minutes d’APQ se substituent-elles à l’enseignement de l’EPS, dont il n’est d’ailleurs jamais question dans la communication ministérielle ? Comment les 30 minutes et l’EPS s’articulent-elles ?
 
Finalement, la seule enquête qui pose les bonnes questions en même temps qu’un regard plus critique sur le dispositif, c’est celle menée par l’Onaps* sur l’académie de Créteil, et qui est intégralement disponible dans l’espace presse du site officiel de Paris 2024**. Même si 4 % seulement des professeurs des écoles de l’académie y ont répondu, cette enquête révèle davantage que les quelques chiffres forcément positifs livrés par le président et rejoint, dans ses conclusions, les réserves que le SE-Unsa a toujours émises sur le dispositif : 
 
  • La confusion entre EPS, activité physique ou sport n’est pas dissipée car aucun de ces termes n’est défini dans les textes de référence ;
  • L’articulation entre les 30 minutes d’APQ et l’EPS doit être clarifiée ;
  • La formation initiale des enseignants est insuffisante en EPS et inexistante sur l’APQ ;
  • Le manque de temps et de moyens.
 
L’avis du SE-Unsa
 
Le SE-Unsa continue de réclamer une véritable politique en faveur de l’EPS en lieu et place de dispositifs qui ne doivent leur existence qu’à la volonté présidentielle de faire de l’École un vecteur de promotion des JOP. Les chiffres positifs largement mis en avant ne disent rien de la façon dont les 30 minutes d’APQ sont réellement mises en place ni avec quelle efficacité. Il y aura un après Paris 2024, dont l’héritage pour les jeunes ne pourra être assuré que dans le cadre d’une EPS dispensée par des enseignants suffisamment formés, dans des infrastructures adaptées et accessibles, avec des équipements pour tous les élèves. 
 
 
* Onaps : Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité
 
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