Après de multiples reports depuis novembre, le voile a été discrètement et partiellement levé, jeudi 11 mai, sur les mesures visant à améliorer la mixité sociale dans les écoles, collèges et lycées. Discrétion, en effet, puisque c’est la réunion des recteurs qui aura servi de prétexte à une communication a minima. Mesures partielles ensuite, puisque ce qui a été annoncé ne s’adresse qu’à l’enseignement public, renvoyant à une date ultérieure des annonces concernant l’enseignement privé bien qu’il soit le premier opérateur du séparatisme scolaire avec un financement public à 75%.
S’agissant des mesures pour l’enseignement public constituées d’un objectif, d’un calendrier, d’une méthode et d’une boîte à outils, elles peuvent sembler bien fragiles. Elles le sont notamment parce que figure parmi les outils l’implantation de filières d’excellence alors que cela permet seulement d’améliorer une mixité de façade. Mais elles le sont surtout parce qu’en matière de mixité sociale à l’École, alors qu’il n’y a pas de baguette magique, l’essentiel réside dans le volontarisme politique. Et il fait terriblement défaut. Si le président s’accapare toutes les annonces depuis des mois, s’il parle d’éducation à chacune de ses interventions solennelles, il n’a échappé à personne qu’il n’évoque jamais la mixité sociale à l’École.
Depuis des années, le SE-Unsa martèle que la mixité sociale à l’École est cruciale pour notre avenir. Cette analyse ne semble pas partagée par le président qui, bien qu’ayant sommé le gouvernement de changer concrètement le quotidien des français, a manifestement décidé qu’il faut changer mais surtout sans déranger. En effet, il s’agirait de demander aux plus favorisés de scolariser leurs enfants avec les moins favorisés. Les rares expériences lancées en 2016 ont cependant démontré que les résultats scolaires des premiers demeurent stables quand ceux des seconds s’améliorent grâce à davantage de mixité à l’École tandis qu’elle permet de fissurer le délétère cloisonnement de notre société.
Le courage politique invoqué par le président depuis des mois s’agissant de la réforme des retraites semble faire défaut. Pour le SE-Unsa, la dette démocratique accumulée est pourtant particulièrement dangereuse.
Paris, le 12 mai 2023
Stéphane Crochet
Secrétaire général du SE-Unsa
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