Savoirs fondamentaux : mauvaise nouvelle, c’est la même antienne

| popularité : 1%
Une note de service du 10 janvier 2023 s’intitule « Renforcer la maîtrise des savoirs fondamentaux des élèves en CM1, CM2 et 6e (cycle 3) pour faciliter leur entrée au collège ». Elle explique que la maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) par tous les élèves à la sortie de l’école primaire est une nécessité absolue et qu’elle est la condition de l’autonomie de pensée des élèves, de la lutte contre les inégalités scolaires et sociales, et de la réussite au collège. Mais loin de cette image d’Épinal, plusieurs constats sont effrayants.
 
 
Lire, écrire, compter... et tant pis pour le reste
 
Les représentations du travail des élèves et des enseignants sont très éloignées du quotidien d’une classe. Les élèves de CM1 et CM2 doivent lire et écrire au moins 2 heures chaque jour, et chaque semaine au moins deux textes longs (au moins 1 000 mots, soit deux fois la longueur de cet article). Ils doivent disposer d’au moins un temps hebdomadaire chacun pour prendre la parole, notamment autour de textes littéraires, sans oublier de procéder à l’incontournable dictée quotidienne. Celle-ci peut être brève. C’est heureux car, accessoirement, d’autres domaines disciplinaires sont prévus dans les 24 heures hebdomadaires d’enseignement.
 
Une autre inquiétude se fait jour : l’objectif ne semble pas être celui de faire réfléchir les élèves, mais d’en faire de bons exécutants. En mathématiques, la note de service précise des éléments déjà contenus dans les instructions officielles, comme le calcul mental ; l’introduction des fractions se fait dès la première période de CM1, et celle des nombres décimaux dès la période suivante (ce qui diffère légèrement de la note de service du même jour sur les mathématiques). Si la résolution de problème est essentielle (de l’ordre de 10 problèmes par semaine), elle l’est pour permettre aux élèves de « développer une maîtrise solide de procédures robustes et d’outils efficaces pour résoudre des problèmes et de savoir reconnaître les situations où ces procédures s’appliquent ».
 
 
Des nouvelles pas si heureuses
 
Au travers de cette note de service, le ministère institue de nouvelles évaluations au début de l’année de CM1 à partir de la rentrée de septembre 2023. Il attend également que le premier conseil de cycle 3 de l’année soit consacré à la présentation des évaluations de 6e puis de CM1. Cette présentation doit déboucher sur l’identification de trois ou quatre items jugés prioritaires, dont le suivi sera assuré par le conseil école-collège, les conseils de cycle et le conseil pédagogique.
 
Enfin, cette note de service acte l’instauration d’une heure hebdomadaire de consolidation ou d’approfondissement pour tous les élèves de 6e en mathématiques ou en français, qui peut notamment être assurée par des professeurs des écoles.
 
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Ces mesures vont à l’encontre de l’autonomie de pensée des élèves, pourtant affichée au début de la note de service. Pour le SE-Unsa, l’objectif de l’École de la République est bien de garantir à tous les élèves l’acquisition du socle commun de la scolarité obligatoire pour permettre à chacun son insertion citoyenne, sociale et professionnelle. Former des citoyens éclairés, épanouis et émancipés, en capacité de penser librement, d’appréhender le monde et d’y être acteurs est un enjeu majeur. Mais il demande bien plus que de ressasser l’antienne « lire, écrire, compter ».