Recrutement des enseignants, CPE, PsyEN : de la crise aiguë à la crise chronique

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En annonçant la prolongation de deux semaines de la période d’inscription aux concours, le ministère vient d’avouer que le nombre des inscriptions aux concours d’enseignants, CPE et PsyEN était inférieur à celui de l’année dernière à la même date. Les concours de la session 2022 n’avaient déjà pas réussi à faire le plein, aboutissant à la crise aigüe de recrutement visible de tous en cette rentrée.
 
Comme l’avait dénoncé le SE-Unsa, les graves difficultés de 2022 n’étaient pas le fruit conjoncturel du déplacement du concours en fin de master 2, mais bien le résultat d’un mouvement lent et profond qui s’accélère.
 
Durant la campagne des élections présidentielles, le SE-Unsa a alerté et martelé que l’attractivité était le défi numéro un à relever pour notre service public d’Éducation. Nos métiers sont devenus de plus en plus difficiles en même temps qu’ils sont devenus de moins en moins valorisés, financièrement et socialement, notamment sous l’effet d’un manque de reconnaissance et de soutien des pouvoirs publics. C’est sous l’effet d’une double asphyxie budgétaire et dogmatique que le système s’est grippé. Par exemple, la gestion à flux tendu des recrutements en comptant sur une part de contractualisation et d’heures supplémentaires, a mis le système sous une grave tension tout en bloquant les mobilités géographiques ou professionnelles. Autre exemple, les salaires ont continué de décrocher, sous l’effet d’un dégel du point d’indice aussi rare que faible malgré l’inflation exponentielle. Dernier exemple, la pluie de réformes et d’injonctions déconnectées des réalités a accru la mise en porte-à-faux face aux besoins grandissants de nos élèves.
 
Nos métiers ont pourtant toujours autant de sens mais les conditions dans lesquelles on y entre, dans lesquelles ils s’exercent, découragent trop souvent. Elles découragent ceux qui les vivent et ceux qui pouvaient envisager de les rejoindre.
 
Le président de la République veut construire un nouveau pacte. Il a raison. L’École a en effet besoin d’un nouveau pacte avec son service public d’éducation mais celui-ci ne peut pas être « travailler plus pour gagner plus » comme il tente de l’esquisser. Plus encore que l’opposition résolue de la profession, ce qui doit être redouté, c’est une désaffection chronique de nos métiers. Il est urgent de comprendre mieux, de payer mieux et de soutenir mieux afin que nous soyons rapidement plus nombreux à retrouver la satisfaction de participer à l’éducation des enfants et des jeunes qui feront la société de demain.
 
Paris, le 11 novembre 2022
 
Stéphane Crochet
Secrétaire général
 

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