Assises nationales de l’EPS : des échanges pour penser l’EPS de demain

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Les Assises nationales de l’EPS, organisées par le département Sciences du Sport et Education Physique de l’École Nationale Supérieure de Rennes, se sont fixé pour double objectif de mener une consultation nationale en croisant les regards sur l’EPS et de penser l’EPS à l’horizon 2050 face aux enjeux actuels et futurs. Le SE-Unsa, membre du comité de pilotage national, a assisté le 2 décembre dernier à l’un de ces événements, à l’UFR Staps de Créteil.
 
Penser l’EPS : des thématiques intéressantes portées par des intervenant.es de qualité
 
La soirée débat réunissant une centaine de participant·es, a accueilli quatre intervenant·es :
  • Emmanuelle Bonnet-Oulaldj, co-présidente de la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail) et administratrice du CNOSF (Comité national olympique et sportif français) et de l’Agence nationale du sport ;
  • Etienne Barraux, IA-IPR (Inspecteur d’académie - Inspecteur pédagogique régional) d’EPS sur l’académie de Paris et Président de la Revue EP&S ;
  • Virginie Collin, CPD (Conseillère pédagogique départementale) EPS en Seine-Saint-Denis (93) ;
  • Laurent Luccioni, professeur agrégé d’EPS, responsable de la formation à l’agrégation interne d’EPS sur l’académie de Paris.
Les échanges s’articulaient autour de trois thématiques principales :
  • les objectifs de l’EPS, ce que l’on doit y apprendre et comment ;
  • la complémentarité de l’EPS avec les structures sportives et sociales ;
  • les missions et la formation des enseignant·es.
 
L’EPS de demain : débats et perspectives
 
La première intervention, conduite par Étienne Barraux, a eu le mérite de distinguer l’EPS, « seule discipline qui porte le corps en actes », du sport et de l’activité physique. Une précision nécessaire si l’on considère que « dans la société, tout est sport ». Pour l’IA-IPR, l’EPS de demain se décline en trois thèmes importants :
  • le rapport aux écrans, dont l’école a du mal à se saisir, et dont l’avenir repose sur le traitement de l’information et la rationalisation ;
  • le rapport au corps, autour, notamment, de la question du genre ;
  • le climat, dont le changement impacte les pratiques physiques.
 
Pour Valérie Collin, qui s’est attardée sur le premier degré, l’enseignement de l’EPS vise le développement de la personne, l’accès au patrimoine culturel ainsi que l’acquisition des savoir-faire, des savoirs motivationnels et des savoirs théoriques. L’enseignant doit prendre en compte les ressources affectives et cognitives de l’élève afin de lui proposer des situations motivantes et lui permettre une réflexion sur son action et une confrontation de ses réponses à celles des autres. Il ne faut pas hésiter à convoquer l’interdisciplinarité afin d’appréhender l’élève dans sa globalité. « Apprendre en EPS pour l’élève, c’est prendre les informations et les traiter, modifier son comportement, trouver des réponses de plus en plus efficaces et contrôlées », ce qui rejoint les propos d’Etienne Barraux.
 
Pour sa part, Laurent Luccioni s’est interrogé sur les objectifs de l’EPS. Le développement de la motricité suscite son inquiétude car nous sommes de plus en plus focalisés sur l’objectif d’engager les élèves sur l’activité et non sur les apprentissages moteurs. Il a illustré ses propos à travers l’activité volley-ball, qui témoigne selon lui des difficultés pour les enseignants à faire progresser leurs élèves. Pour lui, l’enrichissement de la motricité n’est possible que par la mise en œuvre de cycles plus longs, qui doivent être inscrits dans les programmes.
Quant à l’objectif méthodologique, il ne sera atteint qu’en proposant de vrais continuums didactiques. Enseignant d’EPS, L. Luccioni a le mérite d’interroger sa discipline pour mieux en montrer la richesse : « L’EPS n’a jamais eu pour objectif de former des champions, mais demain on peut être une discipline championne pour aider nos élèves à mieux vivre leur scolarité. »
 
Enfin, pour Emmanuelle Bonnet Oulaldj, s’interroger sur l’EPS de demain, c’est s’interroger sur l’école publique de demain. À travers l’EPS, on produit de la connaissance car on va résoudre des problèmes dans le jeu collectif et individuel, ce qui crée du lien social et permet la construction de projets communs. L’objectif est donc de rendre l’EPS, discipline globale, accessible au plus grand nombre.
 
À noter enfin la présence de Véronique Moreira, présidente de l’USEP, qui a souligné la difficulté d’enseigner l’EPS dans le premier degré, selon le temps, les équipements et les appétences. Elle appelle de ses vœux la prescription d’une séance de motricité par jour en élémentaire, à l’instar de ce qui existe en maternelle. « Il faut réfléchir à tous les temps de l’enfant », mais aussi à l’adolescent et à l’adulte qu’il deviendra, car si l’on a ajouté des heures d’EPS au lycée, on constate un important décrochage à l’université.
 
 
Pour le SE-Unsa, ces temps d’échange sont indispensables. Ils permettent d’interroger l’EPS et de l’envisager dans sa globalité et sa légitimité à construire de futurs citoyens.
Alors que viennent de fusionner les ministères de l’Éducation nationale et de Jeunesse et Sport, à l’heure où le sport et l’activité physique n’ont jamais autant suscité l’intérêt du gouvernement tourné vers Paris 2024, discuter l’EPS et envisager son avenir est une nécessité.
 
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