Interview du ministre : pour le SE-Unsa, les inflexions sont à amplifier

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Après une longue période d’installation silencieuse, le nouveau ministre a donné sa première interview au journal Le Parisien. Il commence à tracer son propre sillon entre respect du cadrage présidentiel et liberté d’analyse.
 
Pour le SE-Unsa, s’il ouvre des perspectives nécessaires pour les enjeux scolaires, les premières réponses du mnistre sur la question salariale par exemple, sont insuffisantes et incomplètes pour répondre au premier défi de notre service public d’éducation, l’attractivité.
 
Des signes de changements sur le fond et la forme
 
Le ministre met en avant des sujets jusqu’ici passés sous silence comme le bien-être des élèves et de la communauté éducative, les inégalités scolaires ou encore le défi environnemental à l’École et par l’École, tout en posant quelques annonces sans que celles-ci soient définitives et soustraites à la concertation. Il donne à voir de premiers changements sur le fond et la forme par rapport à son prédécesseur. Il devra les confirmer par le travail de discussions qu’il engagera et les décisions qu’il prendra. Le nouveau ministre affirme ainsi vouloir renouer un dialogue sincère et respectueux […] avec les organisations syndicales et la communauté enseignante.
 
D’un cadre imposé à une mise en œuvre moins bornée
 
Le ministre Pap Ndiaye commence à lever le voile sur ses orientations pour répondre au cadrage présidentiel. S’agissant de l’expérimentation lancée à Marseille, il parle de montée en puissance de façon raisonnable, de précaution vis-à-vis de l’usage du mot autonomie. Il réaffirme néanmoins, la nécessité de pouvoir déterminer des postes à exigences particulières. Tout en refusant le chiffon rouge d’un recrutement local, il continue de conforter l’idée selon laquelle l’École souffrirait d’abord d’un problème d’adéquation entre les compétences de ses personnels et de ses besoins, ce que le SE-Unsa conteste.
 
L’attractivité, un sujet sans conscience de l’urgence
 
Sur le sujet de l’attractivité, le ministre se veut rassurant : Oui, il y aura un prof devant chaque classe à la rentrée. Le SE-Unsa ne partage pas son optimisme. Dès sa première rencontre avec le ministre le 24 mai, le SE-Unsa avait mis ce sujet en avant. Au regard des premières réponses apportées par le ministère, le SE-Unsa a déposé une alerte sociale le 22 juin. Avec la seule recherche intensive de nouveaux viviers de personnels contractuels les mesures prises sont encore largement insuffisantes pour l’immédiat et inacceptables si elles devaient devenir un mode de fonctionnement(*). Le SE-Unsa a proposé au ministre plusieurs mesures d’urgences pour répondre aux difficultés qui apparaîtront vivement dès les premières semaines. Il faut que Bercy donne les moyens de préparer non-seulement la rentrée mais toute l’année scolaire, notamment en recrutant dès maintenant les candidats sur listes complémentaires des différents concours.
 
Le ministre aborde également la question des rémunérations. Ainsi la confirmation de l’annonce présidentielle d’un salaire mensuel de départ de 2000 € nets en 2023 nécessite d’être explicitée et amplifiée. S’agit-il d’une volonté de poursuite de la montée en charge de la prime d’attractivité qui ne débute qu’avec la titularisation ? Quel impact pour les échelons suivants ? Quid des stagiaires ? La situation des stagiaires est aujourd’hui financièrement intenable et la progression de carrière est ensuite bien trop lente. Pour le SE-Unsa, il faut reconstruire des grilles dès le premier échelon, assises sur un point d’indice régulièrement revalorisé. La remise en avant des absences de courte de durée ou de la formation sur le temps d’exercice, elle, inquiète, la profession dont la réalité du quotidien est très insuffisamment prise en compte. S’agissant, pour les AESH, les annonces de stabilisation avec un volume d’heures suffisant et une rémunération associée sont plus que floues alors que l’urgence est là.
 
Le chantier de l’attractivité de nos métiers est aussi vaste qu’essentiel pour l’avenir de l’École publique et laïque. Pour sortir de cette situation qui risque de devenir chronique, il faut agir résolument sur tous les aspects de l’attractivité : revalorisation, formation, conditions de travail, gestion humaine de ressources…
 
Pour, le SE-Unsa, nos métiers ont du sens. Cependant, pour que très vite on ne s’y épuise pas, les conditions dans lesquelles nous exerçons nos métiers doivent permettre de bien les vivre et avant toute chose, de pouvoir en vivre avec la reconnaissance qui leur est due.