Jeux olympiques et paralympiques : quel héritage pour l’EPS ?

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L’année 2024 qui s’achève aura été marquée en France par l’accueil des Jeux olympiques et paralympiques. Si l’événement aura durablement mis la pratique physique et sportive des jeunes au centre des préoccupations politiques, qu’en est-il aujourd’hui ?
 
 
Les Jeux de la communication et de la confusion
 
Les JOP Paris 2024 resteront sans nul doute l’événement le plus marquant de l’année pour la France, en dehors de la crise politique actuelle qui ne restera pas dans les mémoires pour les mêmes raisons. Un événement qui a fait écho aux préoccupations sanitaires nées de la pandémie de Covid. La sédentarité forcée des jeunes a rendu nécessaire la promotion d’une pratique physique et sportive régulière par le gouvernement, et notamment le ministère de l’Éducation nationale. Ce même ministère qui, l’espace de quelques mois, aura aussi été celui des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, et qui a multiplié les opérations de communication dans ce sens, armé des meilleures intentions mais pas des meilleures connaissances.
 
On se souvient encore des déclarations du ministre Blanquer qui, au lendemain des performances des sportifs français en basket, handball et volley aux JO de Tokyo en 2021, ne tarissait pas d’éloges sur une EPS pensée comme une fabrique de champions. Une confusion crispante et dérangeante entre sport, EPS et sport scolaire que les nombreuses et nombreux successeurs de M. Blanquer n’ont fait qu’accentuer.
 
 
Ministère et EPS : je t’aime, moi non plus
 
Toute la communication ministérielle (et présidentielle) des années qui ont suivi n’a fait que davantage brouiller les pistes. L’EPS aurait pu (et dû) profiter de cet éclairage inespéré pour sortir de l’ombre et mettre en avant sa légitimité en tant que discipline d’enseignement obligatoire s’adressant à tous les élèves et qui porte dans ses attendus un volet santé non négligeable (même s’il ne s’agit pas de sa première finalité).
 
Une discipline qui a toujours poussé les élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes sans pour autant être les meilleurs. Une discipline qui n’a pas pour vocation de fabriquer des champions, mais de forger des citoyens, bien dans leur corps et dans leur relation aux autres. Mais cela n’a jamais intéressé le ministère : la nation voulue par le président Macron sera sportive ou ne sera pas. On a donc vu fleurir les deux heures de sport en plus au collège et les 30 minutes d’APQ à l’école. Des dispositifs qui n’ont rien à voir avec l’EPS et qui, trois ans plus tard, ne feront plus parler d’eux que dans les collèges de l’éducation prioritaire pour le premier, et pour sa mise en œuvre chaotique pour le second.
 
Et alors que des JOP 2024 il ne reste plus que l’héritage, alors que les enseignantes et enseignants d’EPS sont sans doute les mieux placés pour le transmettre, le nombre de places offertes au concours du Capeps pour 2025 diminue, et de nombreux gymnases attendent toujours d’être rénovés…
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
L’effet JOP n’aura malheureusement été que de courte durée. Il n’aura pas profité à l’EPS qui, au lieu d’être valorisée, a été écartée au profit de dispositifs cosmétiques et peu utiles. Il est urgent de redonner des moyens pour faire vivre l’EPS et le sport scolaire, car c’est bien à l’École que va se jouer l’avenir des Jeux et des valeurs qu’ils véhiculent chez les jeunes.
 
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