Les projets de programmes de SES de seconde et première sont en ligne. Ils s’inscrivent dans la continuité des programmes de 2011 qui avaient marqué une rupture avec le projet original des SES. Critiqués pour leurs biais idéologiques, ces programmes, lourds et peu attractifs, doivent être retravaillés.
En classe de seconde
En classe de seconde, l’enseignement commun de SES est une découverte pour tous les élèves. Est-il pertinent de débuter par une introduction hors-sol, très théorique sur les 3 disciplines qui composent les SES ?
Pourquoi avoir supprimé le chapitre sur la consommation qui intéresse les élèves et permet de montrer les apports des différentes disciplines dans un contexte concret ?
La question de science politique ne va pas plus loin que ce qui est fait en EMC. Est-elle alors pertinente ?
Quant aux regards croisés, ils ne portent que sur un seul objet : « Quelles relations entre le diplôme, l’emploi et le salaire ? » et limite donc la compréhension du chômage à une seule dimension, très individuelle alors que ce sera la seule approche qu’en auront tous les élèves qui ne choisiront pas la spécialité SES par la suite.
Enfin, on regrette l’absence de précisions dans l’écriture du programme sur le degré d’approfondissement avec lequel on doit traiter les questions posées.
Ce programme n’est pas pensé comme un support professionnel mais est écrit pour les élèves et les familles, nous a expliqué le co-président du groupe d’experts. C’est la seule discipline qui a raisonné en ces termes, ce qui montre le manque de travail transversal et de recherche de cohérence entre les groupes d’experts du Conseil supérieur des programmes.
Au cycle terminal
Au cycle terminal, les SES deviennent une spécialité que les élèves choisissent. Les programmes de première et de terminale doivent, pour le SE-Unsa, répondre à plusieurs objectifs : participer à la formation intellectuelle et civique des élèves pour leur permettre de comprendre le monde et d’y agir ; les préparer à une poursuite d’études dans l’enseignement supérieur dans des domaines qui s’avèrent très diversifiés comme l’a montré l’APSES dans leur argumentaire intitulé « La place des SES dans l’offre de spécialités en cycle terminal ».
Le CSP ne nous propose que les programmes de première et renvoie aux programmes de terminale pour de très nombreuses questions qui ont été posées lors de la réunion avec les organisations syndicales.
Ainsi, la classe de première serait une classe propédeutique à la classe de terminale : on y travaillerait les fondamentaux de la micro-économie qu’il faudrait impérativement maîtriser avant d’aborder la macro-économie et le rôle de l’état en terminale. C’est oublier que les lycéens peuvent choisir d’arrêter les SES à la fin de la classe de première.
La partie économie, principalement focalisée sur le marché, apparaît comme inutilement « technique », listant des savoirs présentés comme « établis » plutôt que des problématiques représentant les débats scientifiques et démocratiques en cours et permettant de donner du sens aux apprentissages.
Quant à la présentation des programmes, elle ne permet pas d’identifier les notions essentielles à maîtriser à l’issue de chaque chapitre et peut conduire à une lecture inflationniste des attendus.
Dans un programme très lourd au regard de l’horaire dévolu, on court le risque de voir les démarches didactiques et pédagogiques propres aux SES céder la place au cours magistral. L’absence d’information sur les modalités d’évaluation certificative ne fait qu’entretenir cette crainte.
En conclusion, le SE-Unsa demande que les programmes soient retravaillés de manière à en alléger les contenus pour permettre la mise en œuvre de démarches pédagogiques qui assurent aux élèves les conditions d’une véritable appropriation des grands débats économiques et sociaux qui traversent nos sociétés et d’un développement de leurs capacités à réfléchir et argumenter, capacités transversales sans doute plus utiles à la réussite dans l’enseignement supérieur que des connaissances techniques désincarnées.