On savait depuis le rapport Villani-Torossian que l’évolution des programmes de mathématiques dans le cadre de la réforme du lycée n’irait pas nécessairement vers les pédagogies actives. On est servi !
Les programmes de mathématiques de seconde GT et de spécialité de première générale ont été présentés aux organisations syndicales. Ceux de la spécialité de terminale seront discutés plus tard. Les mathématiques « sérieuses » sont de retour (sic) et les acquis des lycéens se feront à coup d’entraînement pour « acquérir des automatismes », d’apprentissage de démonstration (faites par l’enseignant ?) et de devoirs faits à la maison (avec ou sans cours particuliers ?). Les compétences à acquérir ? Ce n’est pas le souci principal. Vive les connaissances et les capacités attendues que l’enseignant reliera lui-même… Ou pas.
En seconde
En seconde, le programme est destiné à tous les élèves entrant en seconde générale et technologique. Vu le mal que les professeurs de mathématiques ont pour boucler l’actuel programme sans perdre de nombreux élèves, on aurait pu s’attendre à quelques allègements. Quelques notions ont effectivement disparues (relation de Chasles, géométrie dans l’espace, trigonométrie). Malheureusement, elles ont été remplacées par d’autres (arithmétique, valeur absolue, écart-type et pourcentage). Le programme est donc toujours aussi lourd et il sera toujours aussi difficile de le boucler avec tous… A moins que l’objectif ne soit de sélectionner pour la spécialité mathématiques ?
En première
En première, le ministre a pris le risque de ne pas inclure de mathématiques dans le tronc commun et elles sont très peu présentes dans l’enseignement scientifique commun. Les élèves qui voudront donc poursuivre l’étude de cette discipline nécessaire pour réussir dans de nombreuses formations du supérieur, devront donc choisir la spécialité mathématiques en première à moins de rejoindre la voie technologique.
On aurait donc pu s’attendre à un programme accessible au plus grand nombre, au moins en première. Il n’en est rien. Vu l’horaire de quatre heures, le programme, s’il n’évolue pas, est lourd et technique. Il est, de fait, proche du programme actuel de première S qui mettait de nombreux élèves « scientifiques » en difficulté. On y a ajouté des notions vues en terminale jusque là (fonction exponentielle). Les rédacteurs ont-ils voulu armer les élèves qui arrêteront les mathématiques en terminale tout en poursuivant les spécialités Physique-chimie et SVT ? Tout ceci n’est pas très raisonnable. La formation de l’élite mathématique (qui ne se porte pourtant pas si mal!) ne doit pas se faire au prix de l’exclusion de nombreux lycéens d’une culture mathématique indispensable à leur poursuite d’étude et tout simplement à l’exercice de leur citoyenneté.
Les demandes du SE-Unsa
Le SE-Unsa a souligné les incohérences de la réforme quant à l'offre d'enseignement en mathématiques. Pour les compenser, le ministère crée deux enseignements facultatifs en terminale, maths expertes et maths complémentaires. Il est inacceptable que les problèmes engendrés par une réforme mal pensée soient résolus sur la marge d'autonomie des lycées alors que celle-ci doit servir à assurer les conditions d'enseignement permettant la réussite de tous les lycéens. Le SE-Unsa demandera un financement complémentaire. Quant aux programmes actuellement en discussion, ils doivent être sensiblement allégés pour être accessibles à tous les lycéens en seconde et première. Ce n'est qu'en terminale que le contenu du programme pourra être exclusivement conçu pour une orientation vers les filières scientifiques.