Résultats de l’enquête « Pros de la voie pro, vous avez à nouveau la parole »

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Du 3 octobre au 18 novembre 2024, les PLP ont été invité·es à répondre à une enquête du SE-Unsa sur la mise en place du 2e volet de la nouvelle réforme de la voie professionnelle qui a commencé à être appliquée à la rentrée scolaire 2023. 
 
 
Un état des lieux contrasté
 
En ce début d’année scolaire, une enquête a été menée auprès des enseignants de lycée professionnel pour évaluer leur ressenti face à plusieurs évolutions et dispositifs récents mais également pour savoir comment la réforme se mettait en place dans leur établissement. Les résultats révèlent des perceptions mitigées et mettent en évidence des points de satisfaction comme des préoccupations majeures.
 
 
La co-intervention 
 
La diminution de la co-intervention semble avoir été bien accueillie par une majorité des répondants, avec 57 % exprimant leur satisfaction. Cette tendance pourrait refléter un allègement des contraintes pédagogiques ou organisationnelles liées à cette pratique.
Toutefois, 28 % se disent insatisfaits car la co-intervention était un dispositif efficace lorsque le binôme d’enseignants travaillait bien ensemble et était performant.

Concernant les dispositifs mis en place pour remplacer les co-interventions, les avis sont plus partagés : 44 % des enseignants se disent satisfaits contre 37 % d’insatisfaits. Cette divergence pourrait être liée à des différences dans les pratiques locales.
 
 
La deuxième phase de la mise en place de la réforme de la voie professionnelle
 
À la question La mise en place du parcours poursuite d’étude et du parcours d’insertion professionnelle de 6 semaines dans votre établissement est-elle déjà organisée ?, une large majorité des répondants (75 %) a indiqué que ce n’était pas encore le cas. Entre septembre et novembre 2024, seuls 22 % des établissements semblaient avoir déjà organisé ces nouveaux dispositifs.

Ces chiffres mettent en lumière les défis importants qui restent à relever pour déployer efficacement ces parcours et les difficultés des équipes à s’emparer dans la hâte des consignes de dernière minute.
 
 
Les changements des dates des PFMP des seconde et première bac pro 
 
Dans les retours faits, 56 % des établissements ont opté pour un changement de calendrier des PFMP pour les classes de seconde et première. Ce déplacement pourrait être problématique en fin d’année car il faudra accueillir les lycéens en juin après leur PFMP alors même que les conseils de classe seront terminés, que beaucoup d’établissement sont centres d’examen et que grand nombre d’enseignants sont mobilisés pour faire passer des examens.
Cette nouvelle organisation met en lumière la complexité de la réforme qui « vise » à concilier des objectifs parfois contradictoires à savoir : augmenter le temps en entreprise tout en maintenant un niveau d’enseignement général et professionnel suffisant.
 
 
Une faible implication des conseils pédagogiques dans les projets chef-d’œuvre
 
Un constat préoccupant émerge concernant l’implication des conseils pédagogiques dans la mise en œuvre du projet appelé les années précédentes chef-d’œuvre en bac professionnel. En effet, seuls 5 % des enseignants interrogés indiquent que ces projets ont été évoqués dans le cadre des conseils pédagogiques, tandis qu’une écrasante majorité (69 %) affirme le contraire.
Ce résultat alarmant pourrait révéler plusieurs problématiques : un manque de temps dédié à la concertation pédagogique, une sous-estimation de l’importance du chef-d’œuvre dans le parcours des élèves, ou encore des difficultés organisationnelles au sein des établissements. Cette faible implication des instances pédagogiques risque de compromettre la qualité et l’efficacité de la mise en œuvre.
 
 
Des réticences face aux Pactes proposés
 
Concernant les Pactes proposés aux enseignants, 53 % des répondants les ont refusés, tandis que 35 % les ont acceptés. On peut supposer que les collègues finissent par accepter ces parts de Pacte par nécessité. La baisse du pouvoir d’achat des enseignants étant de plus en plus criante à mesure que l’inflation augmente. Quant aux collègues les refusant, qui peut blâmer le refus du « travailler plus pour gagner plus » quand notre charge de travail ne cesse de croître d’année en année sans que la rémunération, elle, n’augmente.
 
 
L’avis du SE- Unsa
 
Les résultats complets de cette enquête montrent des ressentis variés et des attentes fortes de la part des enseignants mais, globalement, ils n’adhèrent pas totalement à cette réforme.
Les points positifs comme la diminution ou disparition de dispositifs récemment mis en place lors de la tristement célèbre TVP du ministre Blanquer - tels la co-intervention ou le chef-d’œuvre - coexistent avec des préoccupations majeures sur l’organisation de la fin d’année scolaire, les postes restant vacants, l’augmentation des contractuels ou le manque de travail sur les grilles de poursuite d’études.
 
Pour le SE-Unsa, plusieurs axes d’amélioration peuvent être envisagés :
 
  • Renforcer la communication et l’accompagnement sur les réformes en cours pour favoriser leur compréhension mais aussi peut-être dans un premier temps prendre le temps de faire un bilan d’une réforme avant d’en imposer une autre.
     
  • Impliquer les conseils pédagogiques pour qu’ils soient vraiment un espace de concertation, de co-construction du parcours Y et de prise de décision pour l’ensemble de la communauté éducative.
     
  • Accompagner les équipes sur les contenus des grilles de poursuite d’études.