Le catalogue « sécurisation » du ministère : et à part ça ?

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Les personnels sont en attente, depuis octobre dernier, des mesures promises par Gabriel Attal pour mieux prévenir les risques d’atteinte à l’École et ses usagers et mieux les protéger.
Plusieurs mois après, le ministère de l’Éducation nationale vient de publier sur Éduscol un guide pour prévenir et agir contre les violences en milieu scolaire* qui recense les dispositifs existants.
Cherchez l’erreur…
 
 
Des engagements non tenus
 
En octobre dernier, en réaction à l’assassinat de Dominique Bernard, Gabriel Attal alors ministre de l’Éducation nationale annonçait un programme pour sécuriser les écoles et les établissements, occultant déjà que le respect des droits et des personnes n’était pas qu’une question de sécurité.
 
Depuis l’enquête flash sur la sécurisation des écoles et établissements, c’est silence radio sur les 3 engagements pris en matière de renforcement des équipes de vie scolaire et d’accompagnement des élèves, de formation de tous les personnels et de travail à définir concrètement entre école-police-justice.
Un silence levé après une nouvelle série d’agressions et de menaces graves et donnant lieu à un guide présentant chiffres choisis sur le volet et fausses nouveautés.
 
Pour le SE-Unsa, on ne peut jouer sur les mots et les chiffres quand on parle de sécurité des personnels et des élèves.
 
 
Des choix politiques à assumer
 
Dire haut et fort que toute la société doit prendre conscience que l’École est une cible de trop nombreuses atteintes et insécurités pour les personnels qui y travaillent et les élèves qui y apprennent est très important. Mais ce ne peut être en seule réaction à une situation médiatisée ni sans préciser que l’École ne peut pas tout toute seule.
 
L’État a pour devoir de dire et redire autant que nécessaire que chaque citoyen doit mesurer la dégradation du quotidien de l’École en matière de climat et que chacun a un rôle à jouer pour que la prévention, l’alerte et la protection reposent sur des actes individuels et collectifs efficaces.
 
L’État doit aussi assumer ses choix. Si la sécurité de ses personnels et celle de tous les élèves du pays ne méritent pas mieux que quelques postes d’AED saupoudrés ou une superposition de dispositifs devenue illisible, que le message soit clair et que cesse enfin l’instrumentalisation de la sécurité à des fins qui ne sont pas celles des enjeux de l’École publique et laïque.
 
 
Des exigences à poursuivre
 
Désormais, il ne se passe plus un jour sans qu’une remise en question du travail d’un personnel n’ait lieu, sans qu’une menace ne soit proférée à l’encontre d’un autre, sans qu’une dégradation n’ait lieu au détriment des apprentissages des élèves. Les attaques dont est victime l’École et ses personnels en raison de ce qu’elle porte sur les droits et les libertés ou en raison du mal-être qu’elle accueille entretiennent un climat anxiogène. Peur d’aller au travail, questionnement sur le sens du métier sont autant de réalités qui ne sont pas prises à leur juste mesure par le gouvernement.
 
En quoi un guide sur papier glacé va-t-il rassurer et faire cesser les doutes et les questions ? Pire, en quoi va-t-il former sans réelle formation de tous ? En quoi va-t-il prévenir sans vrai renforcement des équipes éducatives ? En quoi va-t-il accompagner les situations sans personnels supplémentaires dans les services et dans les établissements ?
 
Sans compter un étrange mélange de tous types d’atteintes qui découle de l’inventaire de tous les dispositifs qui s’approchent plus ou moins de la notion de sécurité. Quelle lecture faire d’un chapitre sur le harcèlement après un sur la laïcité, si ce n’est celui de vouloir ramener l’ordre de façon péremptoire. Combien de fois faut-il rappeler que l’autorité ne se décrète pas ?
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Pour le SE-Unsa, si ce guide est prétexte à rappeler que ce sujet est important et que des solutions existent, alors il faut que le gouvernement n’omette pas cette importance au gré de l’actualité et abonde en solutions concrètes.