Marseille : annonces présidentielles hors-sol et piste d’atterrissage dans le brouillard

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Après les annonces du président de la République lors de son déplacement à Marseille sur un grand plan pour les écoles et, par la même occasion, le recrutement des enseignants par les directeurs d’école, le SE-Unsa a été reçu par le ministre le 14 septembre. Le SE-Unsa a fait part de ses désaccords et demandes pour construire avec les personnels les réponses adaptées aux besoins des élèves et de leurs enseignants.
 
 
Un plan flou et mal venu
 
Les annonces du président de la République le 2 septembre à Marseille ont déçu et heurté (lire notre article). En effet, sa volonté de présenter comme mesure phare « le choix » des enseignants par le directeur dans 50 écoles « d’innovation » a été très mal vécu par des personnels qui manquent bien plus de conditions matérielles dignes pour leurs élèves et pour eux-mêmes que de motivation.
 
Le ministre de l’Éducation nationale a reçu les organisations syndicales le 14 septembre. Il est resté au stade des intentions du plan en évoquant de grands principes mais sans détailler des modalités concrètes, renvoyant largement au travail local.

À l’issue de la réunion, les plans de l’exécutif pour Marseille sont toujours aussi flous. Les questions de gestion des ressources humaines, comme celles du périmètre, de l’enveloppe et du cadre restent entières. Tous les postes dans les 50 écoles désignées deviendront-ils des postes à profil ou « seulement » pour des compétences spécifiques ? Cette question n’est pas arbitrée, a dit le ministre. 

Il semble avoir entendu la demande du SE-Unsa d’un cadrage national discuté et écrit. Il a fixé la durée d’un mois pour l’élaborer mais sans avoir fixé de nouveau rendez-vous. La concrétisation de ces deux points reste à vérifier.
 
 
Des appels à projets 
 
Pour le SE-Unsa, la démarche de projet est utile pour concevoir des réponses adaptées aux besoins mais elle doit être sincère et fédérer, au-delà des seuls enseignants, l’ensemble de la communauté éducative (Atsem, personnels périscolaires et extrascolaires) qui a la respnsabilité du temps de l’enfant à l’école, sans oublier les personnels spécialisés. Pour ces derniers, le ministre a convenu de la nécessité de leurs compétences, 
 
Le SE-Unsa pose trois conditions à la réussite d’un projet : 
  • une définition claire des règles, avec un texte de cadrage national
  • du temps laissé à sa conception, avec un accompagnement des acteurs mais sans dirigisme
  • l’assurance d’un soutien financier y compris dans la durée
 
 
Direction d’école 
 
S’agissant plus particulièrement de la direction d’école, le SE-Unsa a rappelé que les directrices et directeurs d’école jouent un rôle essentiel mais qu’il faut leur donner les moyens de l’assumer pleinement et sereinement. Leur faire jouer un rôle de recruteur de leurs collègues n’est pas une réponse et encore moins LA réponse. 
 
Il faut d’abord qu’ils puissent se consacrer pleinement à leur mission de pilotage pédagogique, d’interface avec les partenaires et de suivi des situations individuelles des élèves et des familles qui en ont besoin. Pour cela, le SE-Unsa demande qu’ils bénéficient tous de décharge totale d’enseignement et de secrétariat. Ils doivent aussi pouvoir partager la conduite d’un projet particulier avec l’un des enseignants de l’équipe qui devra être reconnu pour cela.
 
Il faut ensuite que les directrices et directeurs soient identifiés et reconnus dans leurs missions par tous leurs interlocuteurs sur le temps scolaire comme périscolaire. Ils doivent pouvoir valider et accompagner les projets de l’équipe sans en référer incessamment à leur inspecteur. Ils doivent être entendus des partenaires et être soutenus activement par l’institution. 
 
Il faut enfin, donner un espace de discussion, de décision et de suivi des projets d’école. Le conseil d’école peut jouer ce rôle-là mais pour ce faire, il doit être réaffirmé aux yeux de tous et complètement investi par la collectivité.
 
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Pour le SE-Unsa, il y a encore un très long chemin à parcourir pour que le plan présidentiel pour les écoles de Marseille réponde aux besoins et convainque les personnels. Le SE-Unsa a rappelé qu’ils ne sont pas démotivés comme l’avait laissé entendre le président, mais peuvent être désabusés d’avoir souvent fait l’objet de nombreux discours sans traduction concrète dans les faits alors que la situation est urgente. Ils ne veulent pas non plus servir de vitrine de campagne présidentielle en acceptant des contraintes davantage dignes d’un mauvais plan marketing que réellement utiles.