Remplacement de courte durée ou épuisement de longue durée ?

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Annoncé comme prioritaire par le gouvernement, le remplacement de courte durée dans l’Éducation nationale va devenir, à la rentrée, la pierre angulaire du futur Pacte… un pas de plus vers une fragilisation toujours plus grande de nos métiers.
 
 
Des heures perdues
 
Selon la cour des comptes, ce sont, en moyenne, 10 % des heures de cours qui sont perdues chaque année. Les absences de courte durée (inférieures à 15 jours) sont pointées du doigt puisque sur les 2,5 millions d’heures non assurées par les enseignants du second degré, seules 500 000 ont été remplacées. En cause ? Certainement pas les enseignants qui sont, il est utile de le rappeler, loin d’être les plus absentéistes de l’ensemble des métiers de la Fonction publique. En effet, si deux tiers de leurs absences sont liés à l’exercice même de leur profession (formation, participation à des jurys d’examen ou encore sorties pédagogiques), le reste est personnel et concerne majoritairement la santé.
 
 
La solution cynique du ministère
 
Aujourd’hui, pour compenser ces heures de cours perdues, la proposition du ministère est des plus cyniques : il s’agit de faire travailler encore plus les enseignants, et ce même si toutes les études montrent que leur temps de travail ne cesse de s’alourdir. Entre les missions de plus en plus prenantes, les services de plus en plus importants dus aux heures supplémentaires imposées pour compenser les postes supprimés, il va dorénavant falloir trouver du temps pour remplacer au pied levé nos collègues. 
 
Et pour quoi faire ? La logique du Pacte est loin de remplir des objectifs qualitatifs, au contraire… Au lieu d’utiliser le créneau rendu vacant par l’absence d’un enseignant pour permettre à un collègue de son équipe pédagogique (même classe) d’avancer le programme de sa discipline, c’est bien la politique du chiffre qui est ici proposée. Il faut combler les trous dans les emplois du temps des élèves par n’importe quel moyen pour répondre aux promesses présidentielles.
 
Davantage d’heures d’études dirigées, des AED pour encadrer des séquences numériques proposées aux élèves qui tombent comme un cheveu sur la soupe, des enseignants qui ne connaîtront pas les élèves qu’ils ne verront qu’une heure dans l’année… on voit mal comment ces heures pourraient constituer de véritables heures d’enseignement si l’on veut bien considérer la complexité de la mission d’enseigner.
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Pour le SE-Unsa, plutôt que d’augmenter les effectifs des classes et d’accroître le temps de travail des enseignants, il faut gonfler le nombre de postes offerts aux concours et les pourvoir. Pour cela, il faut donc surtout revaloriser nos métiers pour qu’ils deviennent à nouveau attractifs... C’est d’une logique à toute épreuve : pour avoir des enseignants devant les élèves, il faut les recruter. Quand, selon le dernier Baromètre Unsa Éducation, seulement 2 enseignants sur 10 disent qu’ils conseilleraient leur métier à leur entourage, la logique du « travailler plus pour gagner plus », qui dégrade une qualité de vie au travail des enseignants déjà bien fragilisée, apparaît hors sol.