Au SE-Unsa, nous pourrions nous féliciter de l’intérêt du président de la République pour la voie professionnelle. Mais sa visite au lycée Tabarly des Sables d’Olonne n’a levé aucune des inquiétudes qui s’expriment dans les salles des professeurs de nos lycées professionnels.
Deux piliers pour une orientation professionnelle
Lors de son discours, le Président a évoqué une mauvaise organisation collective qui empêche une orientation positive vers la voie professionnelle.
Selon lui, il faut transformer le lycée pro pour mieux appréhender l’avenir de la nation.
Pour cela il évoque 2 piliers :
- Pilier 1 : « Comment mieux orienter ? Il faut mieux informer les familles. Mise en place dès la cinquième des journées Avenir professionnels. Les entreprises doivent rentrer dans le collège pour y aborder la réalité de la vie pro, les besoins et les métiers. »
Il évoque une généralisation de dispositifs comparables aux 3 prépas métier.
L’avis du SE-Unsa : afin de devenir des citoyens pleinement engagés dans la société de demain, les élèves ont besoin d’acquérir des repères qui leur permettront de se familiariser avec leur environnement socio-économique. Les partenariats entre les établissements scolaires et les entreprises, notamment celles de l’économie sociale et solidaire, sont indispensables à une mise en œuvre réussie du Parcours avenir pour tous les élèves.
Ce partenariat doit se faire dans le respect de chacun et ne doit pas conduire à une promotion à outrance de l’apprentissage.
-
Pilier 2 : « tordre le cou à une idée reçue : choisir entre les savoirs fondamentaux ou apprendre un métier »
Le Président déclare que, dans les lycées comme dans les lycées pro, on doit conserver les savoirs fondamentaux, former à l’esprit critique, donner de la confiance aux élèves et les préparer à des métiers...
L’avis du SE-Unsa : nous avons bien entendu le Président sur l’importance des savoirs fondamentaux permettant de développer l’esprit critique.
Lors des prochaines concertations, nous rappellerons les difficultés de nos collègues de l’enseignement des matières générales depuis la mise en place de la dernière transformation de la voie pro (horaire pris pour la co-intervention et pour les chefs d’œuvres).
C’est aussi pour cela que, le SE-Unsa demande que le comité de suivi de la réforme de la voie professionnelle soit prorogé pour faire un vrai bilan partagé de la réforme précédente.
La révision des cartes des formations
Selon le Président, « les formations doivent correspondre aux besoins. Il faut regarder formation par formation s’il y a insertion des jeunes. Il faudra en fermer mais aussi en ouvrir ».
Il cite les secteurs porteurs : chaudronnerie, rénovation thermique, hydrogène.
Il faudrait, selon lui :
- reformer les enseignants du professionnel pour les réorienter vers des filières porteuses d’emploi.
- Avoir des profs associés pour aller vers ces nouveaux métiers.
- Faire une cartographie des besoins de la nation.
L’avis du SE-Unsa
Le contrat de plan régional de développement des formations et de l’orientation professionnelles est élaboré au sein des Crefop (Comités régionaux de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles) sur la base des orientations transmises par l’État, la région, les autorités académiques et les partenaires sociaux.
La formation professionnelle initiale du niveau 3 (CAP) et du niveau 4 (bac) doit relever in fine de la compétence de l’Éducation nationale (élaboration des référentiels de formation et de certification) et être implantée prioritairement au sein des EPLE et des UFA (Unité de formation d’apprentis).
Il faut augmenter les capacités d’accueil des CAP à publics désignés. Or les cartes des formations régionales se font à moyens constants : donc si une formation doit ouvrir, une autre doit fermer...
L’État devra revoir cela et se donner les moyens à la hauteur de ses ambitions. Dans cette période économique compliquée, nous sommes inquiets sur la capacité des régions à revoir leurs plateaux techniques.
En ce qui concerne la réorientation des professeurs de l’enseignement professionnel, l’exemple catastrophique de la réforme de la gestion administrative doit servir de leçon. Le SE-Unsa sera attentif à protéger les collègues si cette réorientation devait arriver.
L’accroissement des temps de stage
Le Président est revenu sur son idée phare d’accroissement des temps de stage (on ne parle plus de PFMP), de rémunération des élèves et de création d’une passerelle avec l’entreprise hybride entre le stage et l’apprentissage (du style FCIL - formations complémentaires d’initiative locale -).
Toujours selon lui, cette augmentation du temps en entreprise doit se faire en repensant l’année scolaire. Par exemple en dédoublant les classes avec rotation sur les périodes de stage permettant ainsi l’apprentissage des savoirs fondamentaux en effectif réduit.
L’avis du SE-Unsa
La rémunération des stagiaires se fera-t-elle sur le budget de l’État ? Aucune précision réelle pour le montant.
Les FCIL sont des formations qui sont remises en cause à chaque rentrée, ce qui pose problème dans la continuité. Par ailleurs, elles comportent peu d’enseignement général en son sein et rien ne prouve qu’elles permettraient une meilleure réussite en BTS.
L’implantation en nombre significatif de Sections de technicien supérieur (STS) dans les LP et lycées polyvalents, avec plus de PLP enseignant dans ces filières, serait un facteur de réussite des élèves de bac professionnel.
La nouveauté des annonces faites au lycée Tabarly, c’est peut-être que la réforme serait « très progressive » et fruit d’une « concertation approfondie » avec le terrain. Tout cela doit se faire avec plus de liberté pédagogique et en associant les entreprises à la gouvernance des LP.
Pour le SE-Unsa, cela ne suffit pas à rassurer une communauté éducative échaudée par des discours de la méthode qui ont servi à cacher des intentions bien affirmées.