La QVT dans l’Éducation nationale : état des lieux et leviers urgents

| popularité : 1%
La qualité de vie au travail est intimement liée au sens que l’on donne à son métier, mais pas seulement. Si, depuis 2019, le nombre de personnels de l’Éducation nationale en quête de sens au travail a augmenté de 8 % et qu’aujourd’hui plus d’un tiers d’entre eux est en grande difficulté pour donner du sens à ses missions, ils sont toujours une très large majorité à aimer leur profession. Contrairement à d’autres métiers, la perte de sens et de sentiment d’utilité dans l’Éducation nationale trouve bien plus son origine dans les conditions de travail que dans la remise en question de l’engagement de chacun.
 
 
Un état des lieux à regarder avec honnêteté
 
La 10e édition du baromètre Unsa Éducation, qui a enquêté auprès de tous les métiers de l’Éducation et réuni 43 000 répondants, témoigne plus que jamais d’une crise inédite au sein de la profession causée en grande partie par un décalage majeur entre les personnels et leur employeur. Les personnels aiment leur métier (92 %) mais ne le recommanderaient pas à un jeune (22 % seulement). Une part importante ne trouve plus de sens dans ses missions (29 %) et veut changer de métier (38 %). Selon le Baromètre, les personnels pointent comme priorités le pouvoir d’achat (68 %), la charge de travail (45 %) et les perspectives de carrière (41 %), trois éléments clés de la qualité de vie au travail.
Ce constat s’exprime aussi dans les 3 mots les plus cités pour caractériser son état d’esprit : fatigue (30 %), colère (17 %) et craintes (16 %) tandis que le mot bien-être est choisi par quasi aucun personnel (- de 1 %).
Pour le SE-Unsa, la qualité de vie au travail ne se décrète pas, elle se construit pour et avec les personnels ! Aujourd’hui, elle doit passer de volonté affichée à mesures concrètes. Ces dernières étant largement connues, les personnels sont en droit d’attendre de les voir mises en œuvre !
 
 
Des leviers à activer d’urgence
 
C’est bien en agissant sur chaque facteur déterminant de la QVT que les métiers de l’Éducation nationale pourront retrouver une indispensable attractivité :
  • Donner les moyens à l’École de garantir un service public d’Éducation de qualité en priorisant la prise en compte de tous les élèves et de tous les parcours, en veillant à un équilibre entre tous les territoires, notamment dans le recrutement et l’accompagnement de personnels, et en améliorant concrètement le bâti scolaire en France ;
  • Mettre en œuvre un plan de prévention en faveur de la santé et la sécurité des personnels, en prenant à leur juste mesure les risques psychosociaux ;
  • Faire confiance aux équipes quant aux choix d’organisation, de projets et d’évaluation tout en leur donnant les temps et moyens suffisants pour travailler ensemble ;
  • Entendre la profession en réinstaurant un dialogue social de confiance : le cumul des temps de concertations de ces dernières années n’est plus crédible, c’est celui de la négociation concrète qui doit s’ouvrir sur les pistes largement connues que sont la rémunération, la mobilité, la santé, la formation et les perspectives d’évolution.
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Pour le SE-Unsa, la crise inédite d’attractivité que traversent les métiers de l’Éducation nationale doit être regardée avec honnêteté par l’employeur, les enjeux de notre système éducatif sont bien trop précieux pour continuer de minimiser voire ignorer la réalité.
Au-delà de résoudre d’urgence la crise du recrutement avec son risque réel de voir la rentrée « techniquement ratée » dans certains territoires, il sera nécessaire d’actionner tous les leviers pour répondre à cette situation à moyen et long termes. La France doit impérativement miser sur les personnels éducatifs pour assurer la qualité de son système éducatif de la maternelle à l’université, tel que l’ont réussie de nombreux autres pays.